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samedi 23 mars 2013

Tonton's Picks # 26 : "Bye Bye" par Gilbert O'Sullivan. Plaisir coupable et crime de lèse-bon goût ? Très certainement, tant tout chez Gilbert O'Sullivan me pousserait a priori à prendre mes jambes à mon cou et à fuir en hurlant. Qu'il s'agisse de son look, grotesque, de sa carrière discographique, pathétique, de sa voix, désagréable, de ses arrangements, sirupeux, et du douteux caractère bubble-gum de ses productions que l'on imagine effectivement destinées à de jeunes filles en fleur qui auraient été effrayées par l'énergie sexuelle d'un Jimi Hendrix ou par la violence malaisée d'un Pete Townshend, il y aurait toutes les bonnes raisons du monde pour passer son chemin en maugréant, s'il n'y avait cette science mélodique absolument miraculeuse qui fait de lui davantage qu'un petit Paul McCartney de supérette, et qui est particulièrement évidente sur ce premier LP dont il se trouve que ma chère maman possédait un exemplaire, rapporté d'Angleterre à l'aube des années 1970, et trônant aujourd'hui en bonne place dans les recoins les plus inavouables de ma discothèque personnelle. Les ravages faits en leurs temps par cet Irlandais bon teint auprès de la jeune gente féminine sont assez considérables. L'on trouva même en France de très enthousiastes supportrices du bonhomme; je me souviens de l'une d'entre elles, mère admirable d'un de mes bons amis d'adolescence boutonneuse, qui avait été jusqu'à prénommer son fils d'après le patronyme de l'idole et décorer ses toilettes du gigantesque poster de Martin Sharp à l'effigie de Bob Dylan et dont elle avait cru dur comme fer pendant plus de trente ans qu'il représentait en fait l'icône à l'affreux sweat-shirt siglé d'un G, d'un G qui veut dire Gilbert. Anecdote : je me suis trouvé en contact il y a quelques années avec Gilbert O'Sullivan, grâce soit rendue au passage à feu myspace.com qui contribua notablement à l'abolition virtuelle de la distance entre les artistes et leur public, et lui adressant quelques salutations respectueuses, je fis l'aveu de mon admiration à l'égard de ses qualités considérables de tunesmith et à la verve mélodique qui illuminait tant de ses petits bijous montés en sucre, "Alone Again (Naturally)", "Clair", "Get Down", etc, etc, auquel il répondit avec une politesse toute britannique. J'allais même plus loin en confessant que l'un de mes fantasmes musicaux les plus extrêmes se nichait, tous anachronismes culturel, géographique et temporel mis à part, dans le rêve secret d'une interprétation imaginaire de son superbe "Nothing Rhymed" par le monumental et néanmoins regretté, car fortement disparu, Otis Redding. Ce fut le dernier échange que je devais avoir avec Gilbert O'Sullivan. Flûte alors, un bide.

http://www.youtube.com/watch?v=Sg836eWL92U

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