lundi 25 mars 2013
dimanche 24 mars 2013
Tonton's Picks # 113 : "Solar Musick Suite" de Steve Hillage. Steve Hillage que j'ai vu de mes yeux vu, alors qu'il se produisait avec sa très gracieuse compagne et muse Miquette Giraudy et ses compères historiques de Gong, Daevid Allen et Gilli Smith, un beau soir de 2010 à la Luciole d'Alençon. Ce qui me permit de me faire confirmer de visu l'extrême délicatesse et l'experte précision de son jeu de guitare dont je m'appliquais laborieusement du temps de mon âge bête - dont je m'obstine d'ailleurs à croire qu'il est enfin révolu, ce qui ne semble pas totalement acquis si j'en crois quelques récriminations domestiques dont la pertinence et l'honnêteté ne sauraient toutefois être remises en cause tant la qualité du commentaire demeure par ailleurs d'une confondante justesse, lorsqu'il porte par exemple sur cette habituelle et regrettable quoique fort accidentelle négligence au sujet de la présence inopinée et mal-appropriée de malheureux résidus de barbe épars sur quelque lavabo non consentant à l'occasion de l'ajustement mensuel de la longueur de ma pilosité faciale - à assimiler toutes les caractéristiques. Virtuosité certaine mais non-ostentatoire, d'un mélodisme exquis, faisant souvent écho à un David Gilmour avec un certain sens de l'humour en plus, ou d'un Frank Zappa en moins bavard ni potache, avec également et bien évidemment ces envolées spatiales dignes des plus trippantes structures hypnotiques d'un Manuel Gottsching lorsque le fantastique Ash Ra Tempel, de miraculeuse machine de guerre kosmische, se mua en plus anodin quoique savoureux tapis volant new age. Sur "Fish Rising", ce légendaire et premier album solo d'un Hillage alors en congé de Gong, paru en 1975, l'on retrouve toute la clique de l'école de Canterbury, musiciens issus dudit Gong (Didier Malherbe, Tim Blake, Pierre Moerlen, Mike Howlett) ou d'autres émérites formations emblématiques du genre, telles que Dave Stewart (non pas l'affreux soupard lunettu de chez Eurythmics mais son homonyme ô combien plus distingué qui fit les beaux jours de Egg, Khan, Arzachel, National Health ou bien encore et surtout le sublime Hatfield & the North dont la qualité de ses deux albums était telle que je recommanderais volontiers à notre président tout mou de la république toute molle d'inscrire ceux-ci au plus haut barème des remboursements de la sécurité sociale) qui distille avec génie et une classe somme toute très britannique ce si particulier son d'orgue Hammond finement saturé dont, quand on l'entend, l'on peut se dire à coup sûr "cré nom de dieu d'un satané girofle hélicoïdal fourré à la crème de dattes, ÇA c'est un groupe de Canterbury, si toutefois ne m'abusé-je" même lorsque le groupe, en l'occurrence Solution puisque c'est le premier exemple qui me vient en tête, est originaire des Pays-Bas. Ces Bataves savent bien tromper leur monde, si vous voulez mon avis.
Steve Hillage (vox, gtr), Miquette Giraudy (vox, synth), Mike Howlett (bs), Pierre Moerlen (dms, perc), Tim Blake (synth, perc), Didier Malherbe (sax, fl), Lindsay Cooper (basson), Dave Stewart (kbds).
Tonton's Picks # 112 : "My Women" de Pacific Gas & Electric. Oh la méchante tuerie ! Ladies & gentlemen, j'aimerais vous présenter le magnifique organe de M. Charlie Allen, l'un des meilleurs chanteurs de la création, soulful comme jamais sur ce blues égrillard à souhaits, hommage pénétré à votre gloire mesdames, qui bien plus que le Jack Daniels ou la Fender Stratocaster, restez notre centre d'intérêt numéro un. God knows I need 'em all.
Tom Marshall (gtr), Brent Block (bs), Glenn Schwartz (gtr), Charlie Allen (vox), Frank Cook (dms).
Tonton's Picks # 110 : "Formations / The Genesis" de Code III. Encore une impressionnante machine à trips, pas loin de certains passages du "Lord Krishna Von Goloka" de Sergius Golowin par exemple, mais avec un délire électro plus poussé et des formes abstraites vraiment fascinantes. Enjoy !
Manfred Schunke (electronics, sound effects, vox), Ed Key (vox, electronics), Mary Key (vox), Apama Chakravarti (vox, tamboura, harmonium), Klaus Schulze (dms).
Tonton's Picks # 107 : "With An Ear To The Ground / You Can Make It / Martinian / Only Cox / Reprise" de Caravan. Ce groupe, fleuron de ce qu'on appelle dans le jargon des babas mollassons progressifs "l'école de Canterbury" (à laquelle sera d'ailleurs bientôt consacrée un ouvrage de référence par le spécialiste de renommée mondiale Aymeric Leroy, administrateur de l'excellent site http://calyx.perso.neuf.fr/), avait le chic pour pondre de jolies petites suites dont la cohérence et la pertinence tenaient l'auditeur en haleine sur des durées atteignant parfois presque une face entière de vinyle, là où d'autres bavardaient tant et si laborieusement qu'ils pouvaient dire en dix minutes ce que trois auraient amplement suffi à exposer sans gâter. Le tout dans une atmosphère idyllique, que je situerais précisément entre Soft Machine et les Beatles, ce qui sur le papier se révèle déjà formidable, mais s'avère totalement irrésistible dans les faits.
Pye Hastings (gtr, vox), David Sinclair (kbds), Richard Sinclair (bs, vox), Richard Coughlan (dms), Jimmy Hastings (fl, sax).
Tonton's Picks # 96 : "Mommy, What's A Funkadelic ?" de Funkadelic. Alors très bonne question.
- Maman, qu'est-ce donc qu'un funkadélique ?
- A vue de nez, je dirais un truc bien stoned qui rampe dans la réverbe.
George Clinton (vox), Mickey Atkins (kbds), Tiki Fulwood (dms), Eddie Hazel (gtr), Billy Bass Nelson (bs), Tawl Ross (gtr), The Parliament Singers (backing vox).
Tonton's Picks # 106 : "Interstellar Overdrive / Set The Controls For The Heart Of The Sun / Careful With That Axe Eugene / A Saucerful Of Secrets" de Pink Floyd. Allez, une fois n'est pas coutume, taquinons ensemble le bootleg, même si c'est réprouvé par la morale (enfin surtout par celle du business du disque). En l'occurrence chez Pink Floyd, c'est une condition sine qua non si l'on veut pouvoir avoir un regard autre sur l'histoire fascinante de ce groupe étonnamment économe sur la publication de témoignages sonores de ses aventures sur scène, où il menait des expériences parallèles et tout-à-fait complémentaires à ses exploits sur cire vinylique. Il y a évidemment de grands classiques parmi les bootlegs du Floyd, dont le web a permis l'accession au plus grand nombre, je pense à Wembley '74, le Brighton Dome '72, Grosser Saal Musikhalle de Hambourg '71, Kralingen Pop Festival '70, Casino de Montreux '69, Amougies '69 avec Frank Zappa, Club Paradiso d'Amsterdam '68, les BBC Tapes, j'en passe et des plus '67 (cette extraordinaire bande du Floyd avec Syd Barrett captée au Gyllene Cirkeln de Stockholm, récemment exhumée et qui fit tripper sans répit et une semaine entière durant votre serviteur, au mépris de la satisfaction de ses besoins naturels les plus élémentaires tels que manger, boire, fumer, dormir, faire l'amour ou jouer au Keno), mais celui-ci est particulièrement incroyable. Capté là encore au mythique club Paradiso d'Amsterdam mais en août 1969, cet enregistrement d'excellente qualité - qui a refait surface il y a seulement quelques années - montre ces messieurs Gilmour, Waters, Wright et Mason dans une forme insolente, inspirés de la meilleure veine kosmiche, mais avec cette petite particularité d'absence de repiquage des micros chant. Une bizarrerie technique mais un angle paradoxalement intéressant, avec des versions de plusieurs de leurs chevaux de bataille de l'époque qui sont à mon goût bien supérieures à celles que l'on trouve sur le live officiel "Ummagumma". Mais chacun ses goûts, bien sûr.
David Gilmour (gtr, vox mais on l'entend pas), Roger Waters (bs, vox mais on l'entend pas non plus), Rick Wright (kbds), Nick Mason (dms).
Tonton's Picks # 105 : "La Bilancia Dell'Amore" de Françoise Hardy. Ce à quoi l'on reconnait un vrai malade, c'est cette démonstration de folie complétiste qui consiste par exemple à collectionner les adaptations francophone, anglophone ou en l'occurrence ici italophone de cette reprise du fort ravissant "Tiny Goddess" de Nirvana (non, pas le trio du martyr aux cheveux sales, les autres, anglais, de deux décennies d'avance leurs homonymes) par la très élégante Françoise Hardy dont le souvenir m'a été récemment ravivé par l'évocation poignante de ses difficultés fiscales, douleur bien légitime à laquelle je me sens tout-à-fait étranger néanmoins, n'étant moi-même qu'à peine imposable, tandis que l'icone pop, jadis fantasme absolu des Mick Jagger et autres Bob Dylan, envisageait encore récemment de quitter son modeste taudis de l'avenue Foch, XVIème arrondissement de Paris. Versant comme tout un chacun une larme sur la tristesse de voir un destin ainsi contrarié par l'accession inopinée au pouvoir des sans-culotte bolchéviques, je m'interroge pour autant sur l'opportunité de continuer à faire l'acquisition des nouveaux disques de Cosette, puisque bien qu'étant d'une nullité crasse en calcul, il me semble toutefois que plus d'albums vendus signifie plus de revenus, c'est-à-dire plus d'impôts. Alors Fanfan, on dit merci qui ?
Tonton's Picks # 104 : "Too Much Between Us" de Procol Harum. Les yeux clos, je pense avec attendrissement à la Statue de la Liberté de Roybon au pied de laquelle rêvait gentiment une petite fille qui attendait sagement la fin du marché. J'aurais tellement envie, là et maintenant, de remonter le temps et l'espace, et l'y retrouver pour goûter l'instant.
Gary Brooker (celesta, gtr, bells, vox), Matthew Fisher (org), Robin Trower (gtr), Keith Reid (words).
Tonton's Picks # 102 : "Child Of The Moon" par Blanche. J'avais également repéré cette charmante petite chose dans un sampler offert par un magazine musical défunt, Volume, dérivatif des Inrocks, d'une qualité remarquable, trop peut-être, puisque nous sommes en France et que la presse spécialisée n'y fouette que peu de chats, étant donné qu'elle a déjà fort à faire avec les BB Brunes, puisque nous parlons de minets. Et ladite publication avait sombré corps et âme au bout de quelques numéros seulement. De la confiture à des cochons, a-t-on coutume de dire, et ce n'est pas faux. Je ne sais pas d'ailleurs si vous lisez simultanément chaque mois Rock & Folk, Mojo, Rolling Stone et Rock First, mais ce sentiment de ressassement des mêmes lieux communs et d'actualités façon langue de bois sans aucune prise de risque me fait d'autant plus regretter Volume donc, mais aussi Muziq ou encore Eldorado, dont je ne sais pas ce qu'il advient. Enfin, revenons à cette petite cover d'un titre mésestimé des Cailloux Roulants, rescapé des sessions du non-moins mésestimé "Their Satanic Majesties Request" et atterri en face B du "Jumpin' Jack Flash" qui par sa puissance dévastatrice et son autorité définitive, l'éclipsa durablement, bien que ce "Child Of The Moon" était très attachant, ne serait-ce que pour ce son de basse absolument monstrueux et les jolies parties de sax de l'ange blond bientôt en retraite anticipée. Joliment revue façon road-trip dans le désert au volant d'une antique Buick, lorsque le soleil aveugle par son éclat et qu'on se sentirait décoller à la façon de cette touchante pedal-steel qui n'est pas sans évoquer ces bons vieux Burrito Bros. Comme si l'on reprenait les choses là où les Stones les ont honteusement abandonnées avec "Exile", chant du cygne de leur pourtant admirable vocation de passeurs anachroniques et exotiques du fantasme de la musique populaire américaine, pour s'en aller chevaucher des phallus gonflables géants puis tenter d'oublier chez Chic ou Andy Wharol qu'ils vieillissaient, comme tout le monde.
Dan John Miller (gtr, vox), Tracee Mae Miller (bs, vox, perc), Lisa Jaybird Jannon (dms, ac gtr), Little Jack Lawrence (banjo, mandoline, bs, vox), Feeny (pedal-steel, dobro, kbds), Patch Boyle (banjo), Peter Stopschinski (violon, violoncelle).
Tonton's Picks # 99 : "The Weavers Answer" de Family. Alors donc j'apprends tout à trac qu'il existe une version single de ce titre emblématique du Family première manière, sur lequel Roger Chapman donne toute la mesure des possibilités de son larynx tourmenté.
Roger Chapman (vox, perc), John "Charlie" Whitney (gtr, kbds), Jim King (vox, sax, p), Ric Grech (bs, vox, violin), Rob Townsend (dms, perc), Nicky Hopkins (p).
Tonton's Picks # 95 : "Sometimes In Winter" de Blood Sweat & Tears. Les vieux magnétos à bande, je trouve ça toujours méga-cool, si vous me passez cette expression d'un faux jeunisme dépassé et fortement suspect. Mais quand les gamins en auront marre de télécharger en quelques secondes des trucs tout pourris qu'ils réécouteront au mieux une fois, ils y reviendront à la musicassette, qui donnait le temps au temps et nous ramenait encore à notre condition d'êtres humains, car il arrivait à la bande magnétique de se plier, de se tordre, de se casser, de faire des boucles, exactement comme nous autres, alors que je doute fort que l'on puisse faire se tordre un fichier mp3, mais si vous savez comment procéder vous m'expliquerez.
Lew Soloff (trompette, flugelhorn), Bobby Colomby (dms, perc, vox), Jim Fielder (bs), Dick Halligan (kbds, fl, vox), Steve Katz (gtr, vox), Fred Lipsius (as, p), Chuck Winfield (trompette, flugelhorn), Jerry Hyman (trombone, fl).
Tonton's Picks # 94 : "La Petite Fille de l'Hiver" par Long Chris. Quand on pense que ce type a réussi à avoir pour gendre l'affreux Jojo, j'imagine les réunions de famille. Au moins j'espère qu'on ne chantait pas à la fin des repas... Mais - et c'est ici frappant - ce qui distinguait Long Chris, alias Christian Blondiau - respectable pionnier du rock & roll dans notre beau pays de Gaule, à une époque où l'on se rêvait cow-boy et où l'on se donnait des pseudonymes américanisants évoquant davantage Epinal que Kansas City - des tâcherons bas du front du yéyé, c'était une dose certaine de bon goût. En témoigne sa version tout en délicatesse de cette chanson, que l'on a connu massacrée façon baluche par le pantin à banane de sinistre renommée, ici somptueusement arrangée par David Whitaker, ce qui n'était pas à proprement parler le pire des désavantages. Bon, le type chante assez mal, mais avec néanmoins une sincérité touchante, comme lorsqu'il adaptait Gene Vincent avec ses Daltons de fête foraine.
Tonton's Picks # 91 : "Knowing That I'm Losing You" des Yardbirds. Petite chose méconnue et fort touchante qui indique que Jimmy Page, actuellement mis à l'honneur par la parution d'un DVD dans lequel il affirme toute honte bue sa nouvelle ressemblance physique avec Karl Lagerfeld, et accessoirement figure de proue de l'une des plus efficaces machines à fric de toute l'histoire de la musique populaire, était tellement pompeur dans l'âme (Jake Holmes, Willie Dixon, Anne Bredon, Bert Jansch, Bukka White, Howlin' Wolf, Randy California, Sleepy John Estes, Davey Graham, j'en passe et certainement des plus procéduriers, en savent quelque chose) qu'il alla jusqu'à se pomper lui-même, si je puis m'exprimer ainsi. En témoigne cet enregistrement des Yardbirds, réalisé à la toute fin de leur carrière, et qui présente une composition dont le texte de Keith Relf sera en partie recyclé sur le fameux "Tangerine" (paru en 1970 sur le troisième LP du dirigeable de plomb), dont la musique et les arrangements ne varieront, eux, quasiment pas d'un iota. Et tout cela crédité au seul nom de Jimmy Page, qui pousse l'absence de scrupule jusqu'à avoir affirmé sans honte : "Usually my riffs are pretty damn original. What can I say ?" Et bien je propose qu'il n'ajoute rien.
Jimmy Page (gtr, vox), Keith Relf (vox), Jim McCarthy (dms), Chris Dreja (bs).
Tonton's Picks # 90 : "I Put My Head On Your Shoulder" de Group 1850. Du bon vieil acid-rock psychédélique néerlandais, gonflé comme une montgolfière cosmique, de laquelle on pouvait admirer les hauteurs d'un monde qui en manquait pourtant singulièrement, de hauteur.
Peter Sjardin (vox, fl, kbds), Ruud van Buuren (bs), Daniel van Bergen (gtr, kbds), Beer Klaasse (dms), Rob de Rijke (bs, fl).
Tonton's Picks # 89 : "Devotion" de Between. Et encore une koloßale usine à trips teutonne dans la plus spécifique tradition mollassonne. Mais qui me tient fort à coeur.
Peter Michael Hamel (kbds, vox), Robert Eliscu (oboe), Roberto Detree (gtr, moto-celo, harp), Cotch Black (perc), Duru Omson (fl, perc, vox), Fabian Arkas (electronics).
Tonton's Picks # 88 : "To Take Him Away" de Sandrose. Les élèves anglicistes de France et de Navarre peuvent remercier très chaleureusement Jean-Pierre Alarcen d'avoir contribué à me détourner significativement de leur chemin. En effet pour la petite histoire, étudiant en 1ère année d'IUFM et me destinant sans le moindre enthousiasme à une carrière peu prometteuse de professeur d'anglais, je reçus tôt un matin dans ma boîte à lettres ce disque en provenance du label Musea, dépositaire des "classiques du futur" comme on disait à l'époque, et qui présentait cet unique opus de Sandrose comme l'un des dix albums incontournables du rock progressif 70s européen, ce qui ne manqua pas de m'intriguer considérablement. Souhaitant au départ ne jeter qu'une oreille furtive sur le proclamé chef d'oeuvre avant d'aller correctement m'abrutir en amphithéâtre sur les subtilités de "Richard III" - dont, soit dit en passant, je reconnaissais bien plus l'autorité de la version de Supergrass, plus concise et percutante, que celle de Shakespeare, laquelle m'apparaissait singulièrement dénuée de rythme - je fus totalement happé par la beauté convulsive de ces lignes de guitare d'une qualité mélodique inouïe, ainsi que par la superbe de cette combinaison orgue Hammond / mellotron, dont il était fait ici une utilisation parmi les plus judicieuses jamais entendues. Terrassé par tant de ravissement, je décidai illico de sécher ma journée de cours pour écouter et réécouter ce véritable cadeau inattendu que me faisait le destin : je compris ce jour-là que Jean-Pierre Alarcen serait à jamais un héros que je révérerais désormais avec une admiration inconditionnelle et un respect indéfectible, et dont j'explorerais la discographie avec une opiniâtreté exemplaire, traquant ses participations somptueuses jusque sur des enregistrements oubliés de l'inégalement mémorable quoique fort attachant artiste Stéphane Delaroche (paix à sa belle âme). Je réalisai également à cette même occasion me semble-t-il, que la vie était bien trop précieuse pour la gâcher à tenter d'exercer ce métier de bourreur de crânes qui m'avait en mon temps inspiré tant d'aversion et contribué à façonner cette haine féroce de l'autorité qui aujourd'hui encore m'empêche de ne donner ne serait-ce que le début d'un commencement d'injonction formelle à mon chat Tarkus, qui du reste n'apprendra jamais à parler l'anglais et c'est fort bien ainsi.
Jean-Pierre Alarcen (gtr, kbds), Rose Podwojny (vox), Christian Clairefond (bs), Michel Jullien (dms), Henri Garella (kbds).
Tonton's Picks # 87 : "Fitter Stoke Has A Bath" de Hatfield & the North. Le bain c'est un petit jeu dangereux. Ne jamais tenter de mettre la tête sous l'eau pour voir comment ça fait de cesser de respirer. Parfois vous n'avez plus envie de remonter. Tant de fois j'ai manqué de me perdre dans ces quelques décimètres cube, fasciné par ces images magiques de mondes inconnus. Remonter c'est reprendre le contact avec le réel, où les sons sont précis et les images perdent ce flou rassurant. Comme disait l'autre, "vous direz que je suis un rêveur, mais je ne suis pas le seul".
Phil Miller (gtr), David Sinclair (bs, vox), Dave Stewart (kbds), Pip Pyle (dms).
Tonton's Picks # 86 : "Under The Western Freeway" de Grandaddy. Oh comme j'étais heureux de les voir débarquer ceux-là. Enfin, il y avait des gras du bide en short avec des poils partout, je me sentais un peu moins seul. Et avec eux le retour des mellotrons, je ne les remercierais jamais assez d'avoir remis au goût du jour ce bon vieil ancêtre primitif de l'échantillonneur, synonyme de tant de bons trips, autrefois "freak-out", aujourd'hui "chouguèze". Et à l'époque de toute cette poussive fusion heavy / hip-hop, où tant de mauvais groupes s'imaginaient marcher sur les traces de RATM, tout cela apportait une fraîcheur ô combien bienvenue. A Rillettesland, nous avions par exemple les Garden Dwarves Killers, dans lesquels s'illustraient des musiciens appelés à faire partie de futures gloires musicales régionales qu'une charité même pas chrétienne me poussera à ne pas révéler ici (je ne voudrais surtout pas me fâcher avec les aficionados de Lady Morose ou Djak). Et bien si vous pouvez imaginer "Killing In The Name" joué par un groupe de bal, vous aurez une idée assez juste de ce qui nous était imposé à nous autres pauvres rêveurs épris de poésie. Merci Grandaddy.
Tonton's Picks # 85 : "The First Cut Is The Deepest" par The Koobas. D'abord il y a la chanson, magnifique, mais surtout il y a ce que ces mecs en font. Trois minutes cinq secondes, trop court, les mecs, bien trop court !
Stuart Leatherwood (gtr, vox), Roy Morris (gtr), Keith Ellis (bs), Tony O'Reilly (dms).
http://youtu.be/WAt33Ibao0M
Tonton's Picks # 83 : "In A Silent Way / It's About That Time" de Miles Davis. "Joue-le comme si tu ne savais pas jouer", aurait glissé Miles à McLaughlin. "Ecoute-le comme si ça n'était pas du jazz", serais-je tenté de te dire.
Miles Davis (trumpet), Wayne Shorter (ss), John McLaughlin (gtr), Herbie Hancock (el p), Chick Corea (el p), Joe Zawinul (org, el p), Dave Holland (bs), Tony Williams (dms).
Tonton's Picks # 82 : "Morgengruss II" de Popol Vuh. Donc il y a ce grand jardin, dont elle seule sait qu'il existe, et dont elle seule sait ce qu'il y pousse. Elle seule connait ces fleurs et les noms qu'elles portent, ceux de tous ces mots nouveaux qu'elle m'a appris. Elle sait que j'y passe le plus clair de mon temps quand sa présence me manque. Elle sait aussi que je n'ai pas besoin de prononcer le moindre mot pour savoir que mes pensées vont en sa direction. Elle sait tout cela, je crois.
Daniel Fischelcher (gtr).
Tonton's Picks # 81 : "Six Marimbas" de Steve Reich. Ou la poésie implacable de ces lignes qui bougent comme se croisent les trains. Autant de visages inconnus dans ces wagons, perdus aussitôt qu'apparus. Peut-être les reverra-t-on, peut-être pas.
Colin Van de Reep, Noam Bierstone, Sandro Valiante, Mark Morton, Ben Reimer, Ben Duinker (marimba).
Tonton's Picks # 78 : "Der Hohepriester" de Walter Wegmuller. Album-clé de la mythique connexion des Cosmic Jokers, produit par l'incontournable Rolf-Ulrich Kaiser et réalisé chez le non-moins incontournable Dieter Dierks. Donc vous prenez un peintre-sculpteur-plasticien bien allumé, vous le faites soutenir par des membres de Wallenstein, Ash Ra Tempel, Witthuser & Westrupp, sans oublier Klaus Schulze, vous laissez tripper et vous obtenez ce chef d'oeuvre plus kosmische tu meurs, qui laissa plus d'un baba mollasson progressif - including votre serviteur - hagard et stupéfait par tant de beauté sur-réelle.
Manuel Göttsching (gtr), Hartmut Enke (gtr), Jerry Berkers (bs, ac gtr), Jürgen Dollase (kbds), Walter Westrupp (fl), Klaus Schulze (kbds, dms, perc), Harald Großkopf (dms), Walter Wegmüller (vox).
Tonton's Picks # 77 : "Psychopath" de Supersister. Singulier spécimen de musique progressiste de l'école de Canterbury mais écrite, composée et jouée par des Néerlandais. Un texte d'une remarquable finesse qui plus est. Enjoy, comme on dit.
Robert Jan Stips (kbds, vox), Sacha van Geest (fl), Marco Vrolijk (dms), Ron van Eck (bs).
Tonton's Picks # 76 : "Hunting Tigers Out In India" du Bonzo Dog Doo Dah Band. Parce que votre tonton aime par-dessus énormément de choses ce bon vieil humour dit nonsensical de nos amis d'outre-Manche. Dear dear dear yes, dear dear dear yes, dear dear oh dear yes.
Vivian Stanshall (trumpet, vox), Neil Innes (kbds, gtr, vox), Rodney "Rhino" Desborough Slater (sax), Rodger Ruskin Spear (saxophone), "Legs" Larry Smith (dms)
Tonton's Picks # 75 : "1921" de Pete Townshend. Découverte représentant une étape cruciale dans la quête éperdue de votre serviteur à la connaissance sans limites de la science townshendienne, à une époque héroïque où internet n'existait pasencore et où les pirates se vendaient encore sous forme de disques, ces démos pour "Tommy" constituaient alors une certaine idée du graal. Traquée au gré de bootlegs plus ou moins pourris, cette collection de maquettes réalisées au long de l'année 1968 offrait à entendre un Townshend en pleine possession de son art et sur le point de lâcher au visage du monde ébahi une oeuvre qui dès lors ne cesserait de l'embarrasser, le condamnant à toujours vouloir faire forcément mieux, ce qui, convenez-en, n'était pas une banale paire de manches.
Pete Townshend (gtr, bs, kbds, vox).
Tonton's Picks # 74 : "49 Reasons" par David Crosby et Stephen Stills. Okay, tout le monde connait et possède déjà au moins huit exemplaires du miraculeux premier album de Crosby, Stills & Nash. Je vous ferai donc grâce des superlatifs mille et mille fois rebattus pour décrire la magnificence de ces harmonies vocales et de ces compositions sublimes qui à elles seules pourraient presque constituer une anthologie. Voici une démo signée Crosby et Stills et enregistrée en 1968 alors que les deux musiciens, fraîchement libérés respectivement des Byrds et de Buffalo Springfield, songeaient à associer leurs talents, avant que ne débarque l'autre grand dadais en provenance des Hollies. Ce qui donnerait ce que vous savez, à savoir un premier album excellent de part en part, et dont le dernier - et pas le moins superbe - titre, "49 Bye-Byes" vous est ici présenté dans un beaucoup plus simple appareil, avec quelques jolies guitares à l'envers et de touchants tâtonnements.
David Crosby (gtr, vox), Stephen Stills (kbds, gtr, bs, vox).
http://youtu.be/3Fpgq9s2ogk
Tonton's Picks # 73 "Men Are Building Sand" de Montage. Je caresse actuellement le dessein un peu insensé d'ériger dans mon jardin coulainais une statue à l'effigie et à la gloire de Michael Brown, héros de la musique dite baroque pop, d'abord au sein des merveilleux Left Banke puis du sublime Montage. C'est absolument ravissant, ça change de Roger Nichols ou Brian Wilson et en plus je suis sûr que c'est excellent pour la santé.
Tonton's Picks # 72 : "Everybody Needs A Friend" de Curtis Mayfield. Nous autres qui ne croyons pas en dieu, mais qui ne sommes pas pour autant bougres de mauvaise volonté, nous avons reporté tous nos espoirs spirituels dans la soul music, oui madame, et moi qui vous parle, tous les dimanches matins je me repasse un petit Curtis Mayfield ! Et en plus je suis à donf' POUR le mariage pour tous !
Lucky Scott (bs), Curtis Mayfield (vox, gtr, dms), Edward Gregory (gtr), William Green (kbds), Hank Ford (ts).
Tonton's Picks # 71 : "Scarborough Fair / Canticle" par Simon & Garfunkel. Une adorable fée aux mille miracles, capable de changer les heures en minutes, le gris en arc-en-ciel et la pluie en soleil, m'a remis en tête aujourd'hui cette petite douceur médiévale oubliée quelque part aux confins de mes souvenirs d'enfance. Un ravissant petit manifeste de l'amour courtois, pour ceux à qui ça cause encore, une forme très ancienne mais incroyablement belle d'usage social, qui voulait que l'amour pour une gente dame se conçût dans une infinie pureté, désintéressé et inassouvi. Tout un programme n'est-ce pas, voilà qui parlera aux authentiques gentlemen qui nous lisent.
Paul Simon (gtr, vox, arrgts), Art Garfunkel (vox, arrgts).
Tonton's Picks # 70 : "In The Attics Of My Life" du Grateful Dead. Quand ça s'arrête cinq minutes de tripper à tout va et que ça vient chanter gentiment au creux de votre oreille, c'est pas mal non plus.
Bob Weir (gtr, vox), Jerry Garcia (vox, gtr), Phil Lesh (bs, vox), Bill Kreutzmann (dms), Mickey Hart (dms)
Tonton's Picks # 68 : "Gone Sailing" par Allan Holdsworth. Bref, concis, enchanteur, totalement décourageant pour tout apprenti-gatouilleur sur douze-cordes, mesdames et messieurs, Allan Holdsworth.
Allan Holdsworth (12-str ac gtr)
http://www.youtube.com/watch?v=0Nl4wzLIQMg&feature=youtu.be
Tonton's Picks # 67 : "Peace" par King Crimson.
Greg Lake (vox), Robert Fripp (gtr).
http://youtu.be/x47m_ib6FW0
Greg Lake (vox), Robert Fripp (gtr).
http://youtu.be/x47m_ib6FW0
Tonton's Picks # 66 : "Dancing Madly Backwards" de Captain Beyond. Donc juste pour situer les choses, le premier chanteur de Deep Purple retrouve le bassiste et le guitariste de Iron Butterfly et le batteur de Johnny Winter, et ces mecs-là sortent un album. Un fleuron du hard 70s américain, avec de fortes réminiscences psyché.
Rod Evans (vox), Larry "Rhino" Reinhardt (gtr), Lee Dorman (bs), Bobby Caldwell (dms).
Tonton's Picks # 65 : "Handbags And Gladrags" par Chris Farlowe. Donc on parlait de Manfred Mann, deuxième mouture, avec le très malin Mike D'Abo, à la fois fort joli garçon (ça pouvait servir quand on faisait de la pop music en Angleterre) et très compétent auteur-compositeur tout autant qu'honnête chanteur, et qui a eu l'insigne génie de pondre cette petite merveille, dont la meilleure version n'est autre à mon sens que l'originelle, celle de l'immense Chris Farlowe, parue en novembre 1967 et augurant d'une longue série de covers, parfois honnêtes (Double Feature, Chase, Rationals), souvent quelconques (Rod Stewart, Jon English) ou franchement risibles (Stereophonics). Pauvre Chris Farlowe, malgré tout son talent considérable, ses connexions prometteuses (des singles produits par Mick Jagger himself en personne sur le label Immediate d'Andrew Loog Oldham, manager des Stones), d'excellents musiciens (Albert Lee ou Carl Palmer s'illustrèrent chez lui à leurs débuts), une carrière plus tardive associée à des projets prestigieux (Colosseum, Atomic Rooster), on se souvient généralement davantage de lui pour sa dentition atypique qui aurait pu faire de lui le meilleur décapsuleur humain de tout le nord de Londres. Alors que lorsqu'il chante, le monde entier se tait.
Tonton's Picks # 64 : "It's So Easy Falling" par Manfred Mann. La jolie bande d'affreux, qui avait débuté en proposant une relecture particulièrement classieuse du rythm & blues avant de s'orienter vers une pop plus acoustique sous forte perfusion dylanesque. On voyait bien que c'était frustrant pour eux : alors que ces gars ne rêvaient que de jazz moderne, ils faisaient bouillir la marmite avec des bluettes que l'on disait alors commerciales (insulte suprême). Il suffit de visionner leurs playbacks TV de l'époque : alors que Klaus Voormann et Tom McGuiness arborent des sourires niaiseux et des pupilles correctement dilatées, les plus puristes Manfred Mann et Mike Hugg tirent franchement la gueule à mimer "Ha Ha Said The Clown" ou "Mighty Quinn". Les deux prendront leur revanche avec le virage Manfred Mann's Chapter Three, pour deux albums de jazz-rock vraiment novateurs et franchement secoués par un vent d'expérimentation à rapprocher de Centipede ou Soft Machine. Mais si l'on réécoute les titres de la période Fontana, dite la période "pop" ou bien encore "Mike D'Abo", il y a de petites perles à reconsidérer, comme ce ravissant "It's So Easy Falling", joli chromo psychédélique pastoral tout en choeurs aériens et en mellotrons haut perchés, une sorte de version convaincante de sunshine pop à la sauce mentholée. Honnêtement, appeler ceci de la musique commerciale ne me dérange pas plus que ça, ce n'est pas parce qu'un disque se vend qu'il est forcément mauvais. Bon, celui-ci en l'occurrence ne s'est pas vendu... Donc au final c'est plutôt amusant, des "vendus" qui font des disques qui ne se vendent pas. Non ?
Manfred Mann (kbds), Mike D'Abo (vox), Mike Hugg (dms), Tom McGuiness (gtr), Klaus Voorman (bs).
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