Tonton's picks # 22 : "Satori Pt 1" du Flower Travelling Band. Me risquerais-je à écrire quoi que ce soit qui n'ait déjà été dit avec ô combien de panache par le génial Julian Cope dans son superbe ouvrage "Japrocksampler" ? Je pourrais à la rigueur confesser que j'ai pris la pleine mesure de l'urgence et la sauvagerie singulières de cette furieuse cavalcade dominée par les vocaux d'écorché vifs de Joe Yamanaka par une lugubre nuit de printemps, de retour d'une répétition particulièrement tonitruante des Fusebreakers à l'issue de laquelle j'avais décidé de me reposer les oreilles. Traversant en trombe les petites routes de la campagne sud-sarthoise déserte, le regard halluciné par une somnolence de zombie, je voyais lapins, chevreuils, alligators et autres tricératops s'enfuir à toutes jambes dès que la lueur blafarde des phares de la Passat déglinguée révélait leur présence inopportune sur le goudron craquelé de ces voies abandonnées à leur triste sort par une DDE particulièrement désinvolte. Manquant plusieurs fois de verser au fossé tandis que le génial Hideki Ishima tricotait des ronces de fuzz à faire passer Toni Iommi pour un baluchard au Bar des Campeurs, je sentis ma rage décupler lorsque le riff démoniaque se multiplia tel une spirale infernale, écho sinistre au rire sardonique de la mort en personne, des hypnotismes de laquelle je ne devais trouver la délivrance qu'au prix d'une salvatrice pause miction en bordure du Grand-Lucé, après m'être assuré que les fantômes d'outre-tombe qui m'avaient pourchassé jusqu'ici s'étaient bien évanouis dans cette nuit sinistre. Et je peux vous le dire, quand on a bien envoyé velu toute la soirée et qu'on s'est fait courser par des hérissons, ça fait vraiment du bien de pisser un bol.

Hideki Ishima (gtr, sitarla, sitar), Jun Kobayashi (bs), Joji Wada (dms), Yuya Uchida (perc, bck vox), Joe Yamanaka (vox, harmonica).