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dimanche 24 mars 2013


Tonton's Picks # 88 : "To Take Him Away" de Sandrose. Les élèves anglicistes de France et de Navarre peuvent remercier très chaleureusement Jean-Pierre Alarcen d'avoir contribué à me détourner significativement de leur chemin. En effet pour la petite histoire, étudiant en 1ère année d'IUFM et me destinant sans le moindre enthousiasme à une carrière peu prometteuse de professeur d'anglais, je reçus tôt un matin dans ma boîte à lettres ce disque en provenance du label Musea, dépositaire des "classiques du futur" comme on disait à l'époque, et qui présentait cet unique opus de Sandrose comme l'un des dix albums incontournables du rock progressif 70s européen, ce qui ne manqua pas de m'intriguer considérablement. Souhaitant au départ ne jeter qu'une oreille furtive sur le proclamé chef d'oeuvre avant d'aller correctement m'abrutir en amphithéâtre sur les subtilités de "Richard III" - dont, soit dit en passant, je reconnaissais bien plus l'autorité de la version de Supergrass, plus concise et percutante, que celle de Shakespeare, laquelle m'apparaissait singulièrement dénuée de rythme - je fus totalement happé par la beauté convulsive de ces lignes de guitare d'une qualité mélodique inouïe, ainsi que par la superbe de cette combinaison orgue Hammond / mellotron, dont il était fait ici une utilisation parmi les plus judicieuses jamais entendues. Terrassé par tant de ravissement, je décidai illico de sécher ma journée de cours pour écouter et réécouter ce véritable cadeau inattendu que me faisait le destin : je compris ce jour-là que Jean-Pierre Alarcen serait à jamais un héros que je révérerais désormais avec une admiration inconditionnelle et un respect indéfectible, et dont j'explorerais la discographie avec une opiniâtreté exemplaire, traquant ses participations somptueuses jusque sur des enregistrements oubliés de l'inégalement mémorable quoique fort attachant artiste Stéphane Delaroche (paix à sa belle âme). Je réalisai également à cette même occasion me semble-t-il, que la vie était bien trop précieuse pour la gâcher à tenter d'exercer ce métier de bourreur de crânes qui m'avait en mon temps inspiré tant d'aversion et contribué à façonner cette haine féroce de l'autorité qui aujourd'hui encore m'empêche de ne donner ne serait-ce que le début d'un commencement d'injonction formelle à mon chat Tarkus, qui du reste n'apprendra jamais à parler l'anglais et c'est fort bien ainsi.

Jean-Pierre Alarcen (gtr, kbds), Rose Podwojny (vox), Christian Clairefond (bs), Michel Jullien (dms), Henri Garella (kbds).


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